Une demie-journée de libre et les jambes affûtées ? Ça suffira !

Quelques jours devant vous et une envie de découvrir la Vanoise sans trop vous éloigner du monde, ce tour est parfait !

 

J’ai toujours aimé partir à l’aventure, sans avoir d’idée précise sur la montagne à laquelle je m’attaquais. Guidée simplement par le bonheur infini de traverser les alpages et de parcourir seule des kilomètres et des kilomètres, encore et encore.

Loin de la recherche de la performance, je m’épanouis durant ces longues heures de solitudes, m’ayant pour seule compagnon de route, dans cet immense lieu sauvage. Dans mon paradis hostile. Mon Eldorado.

Être tenue par une certaine distance, un certain dénivelé, un certain horaire m’ennuie et m’éloigne de moi.  Ne pas avoir de contrainte temporelle et me lancer tête la première dans une sortie sans avoir d’idée précise sur ce qui m’attend représente la liberté totale. Ma liberté absolue.

(Bien sur, comme j’en parle plus bas, je ne pars pas inconsciemment… ! En ayant de bonnes connaissances de la montagne et en se connaissant bien, on sait ce dont on est capable !)

 

1er Aout 2019, La Gurraz (1600m) :

Il est 5h45 quand le réveil sonne dans ma voiture. J’ai dormi dans le coffre pour ne pas avoir à prendre le volant le matin même. Gain de temps et passion oblige ! Quand on est solidement attaché à nos plaisirs, le coffre d’une voiture est des plus luxueux et confortables.

Le jour se lève tranquillement pendant que j’avale un petit déjeuner plus que sommaire : compote, biscuit, lait et banane.

La journée s’annonce belle et chaude.

J’ai pris la décision de faire ce tour il y a deux jours à peine. J’ai ouvert ma carte IGN et choisi mon petit itinéraire. Comme d’habitude, je n’ai aucune idée précise sur la distance et le dénivelé qui m’attendent. Quel intérêt ? Moi j’veux juste bourlinguer dans la montagne le plus longtemps possible. Faire un tour pour découvrir des endroits qui me sont inconnus. Connaître tous les recoins de ces magnifiques Alpes.

Pas complètement inconsciente, j’ai tout de même une petite idée sur le profil que j’évalue à environ  35/40km pour au moins 2000d+. Faut quand même que je sache si ce tour est bouclable en un jour ! Ces infos me suffisent. Je glisse des barres dans mon camelback et prends une bonne réserve d’eau, je vais pas croiser beaucoup de refuges ni de sources.

Il est 6h15. Le top départ est donné. Je pars au Sud en direction du Refuge de la Martin (2156m). J’ai environ 4km de montée pour un peu plus de 550m de dénivelé.

Ça débute en douceur pour bien échauffer mes muscles et mon corps encore un peu endormis. Le sentier est en balcon, domine la nationale beaucoup plus bas (inaudible) et m’offre une très belle vue sur le massif d’en face abritant le célèbre hameau du Monal. Le Glacier des Balmes pointe également le bout de son nez, accompagné de la Pointe du Nant Cruet et de l’Aiguille de la Grande Sassière ! Droit devant moi se dresse le barrage du Chevril et les massifs de Val d’Isère.

Comme toujours à cette heure, je suis seule à profiter de ce merveilleux spectacle.

Au Refuge de la Martin, je suis le chemin de droite, relativement plat (NB : je parle du plat de type montagnard. Donc pas vraiment plat en fait mais pas non plus trop pentu) qui descendra sur la fin jusqu’au Chalet de la Sache d’en bas (2068m). Le chemin de gauche vous ferait descendre jusqu’aux Brévières, beaucoup trop urbanisé pour moi ! Et surtout pas sur mon parcours !

Je traverse le Plan des Pierres et passe sous le Rocher Blanc. L’atmosphère est riche en cailloux mais la flore remplit bien l’espace.

Doucement, vers 7h/7h30, je me rapproche de Tignes, vais-je croiser des gens… ? Non. Génial ! Ces moments grandioses juste pour moi.

La rosée coule le long de mes mollets. J’ai regagné un coin très riche en verdure et en herbe, reprenant même ses droits sur la sente. Rafraîchissement non désagréable, il est tôt mais il fait bon et déjà assez chaud pour moi.

Changement de cap moussaillon ! On va vers l’ouest ! Le chemin monte en rive droite du ruisseau de la Sachette, en direction du Chalet de la Sache d’en haut.

L’horizon était jusque-là caché et inconnu de ma vue. Quand d’un coup, arrivé sur le Vallon de la Sache, au sein de la Réserve Naturelle de Tignes-Champagny, à 2350m d’altitude, tout apparaît.

Le paysage s’ouvre et m’offre ce magnifique droit de le découvrir. L’Aiguille Percée, les Rochers Rouges, La Grande Tourne, le Glacier Plan… Du beau calcaire !

Rochers Rouges et le Col de la Sachette

J’ai encore les pieds dans les alpages mais mes yeux comprennent que très vite, c’est dans un univers rocailleux que je vais pénétrer.

Je passe les deux petits lacs de la Sachette, gambade le long de petits marécages, fais quelques virages dans la pampa, et à la fin de l’un d’eux, je découvre l’issue qui m’attend. Une sublime ascension jusqu’au Col de la Sachette (2791m).

(Si vous n’avez pas compris que vous êtes dans les environs du Dôme de la Sache depuis de début…tous ces noms vous le rappelleront bien !)

Le changement d’ambiance est radical ! Mais pas pour autant désagréable, au contraire. C’est magique.

D’ici, le chemin se dessine merveilleusement bien devant moi. Chaque lacet se devine. Le tableau est saisissant ! J’y cours !

Entourée de roche, je gravis le sentier jusqu’au Col. C’est magnifique. Le panorama est comme toujours, à couper le souffle. Enfin c’est pas trop le moment pour ça comme je viens de finir l’ascension j’ai besoin de respirer un peu.

La vallée dans laquelle je m’apprête à basculer baigne encore dans l’ombre par endroit. Je vais y retrouver un peu de fraîcheur après cette chaleureuse ascension. Derrière moi, terre de mon passé, tout est illuminé.

Vallée de Tignes

Il est 8h30, j’amorce la descente dans la grosse caillasse pour rejoindre très rapidement de la verdure. Je me retrouve sur le Plan de la Sache (2510m), l’arrière-pays de Peisey !

Face au Mont Blanc de Peisey (2866m) et à l’Aliet (3109m), qui de cet angle de vue ne ressemble plus à un Pic mais à un gros pavé, je débaroule dans la vallée, passe au-dessus du Lac de la Plagne et du Refuge Entre le Lac (2151m) puis atterri sur le plat. Un vrai plat cette fois. Promis !

Je longe le ruisseau du lac sur sa rive droite pendant deux kilomètres puis prends l’embranchement marqué par un panneau à 2104m d’altitude en direction de Refuge du Mont Pourri (2370m).

L’ascension est longue et un peu plus lente car elle est ponctuée de nombreuses traversées de ruisseaux émanant des diverses sources et Glaciers (des Platières, Suspendu…). Mais qu’importe, que la montagne est belle ici.

Devant nous se dessinent au loin, même au très loin, la Pierra Menta, le Dôme de Vaugel…Le Beaufortain quoi ! Si vous plissez un peu les yeux, vous pouvez même apercevoir ma baraque !

Il n’est pas loin de 11h, me voici voilou au Refuge ! L’occasion pour la première fois de pouvoir me recharger en eau ! Faut pas avoir trop soif ! Mais bon, vous remarquerez que j’ai traversé pas mal de ruisseaux hein. Donc si vous n’avez pas oublié les Micropur, c’est cadeau !

J’en profite pour manger un petit bout. Il va me falloir du courage. Je sais ce qu’il m’attend. L’horreur. Le passage que je redoutais tant. Je respire bien fort et me lance. Ça va aller Manon. Le passage dans la station des Arcs 2000 sera bref. Tu n’auras pas à subir longtemps ce massacre du paysage ! Pour l’heure, il y a encore quelques kilomètres à faire avant d’y pénétrer.

Je rejoins un très sympathique chemin en balcon passant par la Commune du bas et la Commune du haut. Le sentier est faiblement incliné mais se corse sur les derniers mètres pour atteindre le Lac des moutons (2574m).

Voilà, on y est, on bascule dans la zone sombre. J’aperçois déjà des remontées, notamment celle de l’Aiguille Rouge (3227m).

Je continue vers un autre lac sans nom puis vers le Lac Marlou (2505m). La vue est magnifiquement dégagée sur le Mont Blanc. J’arrive à éviter les grandes pistes carrossables en empruntant de petites sentes bien tracées et bien répertoriées sur la carte IGN.

Rapidement je pénètre dans la Station des Arcs 2000. Rapidement, j’en ressors. Le Refuge de Turia (2388m) est indiqué par un panneau situé à la fin de la D119, au niveau d’un parking. C’est ma dernière ascension qui débute. Le sentier s’enfonce dans la Forêt de Ronaz.

Petites précisions, pour ce segment, quelques pièges seront à éviter si vous vous lancez dans ce tour. Comme toujours dans les stations, le balisage et l’indication des sentiers est franchement pourrie. Au niveau des pistes de ski de descente au-dessus de Villaroger, avant et après le télésiège du Droset, c’est pas très clair.

Il vous faudra parfois longer brièvement, en descente toujours j’insiste, certaines pistes bleues, pour enfin retrouver dans l’épingle de l’une d’elle, un petit sentier qui s’échappe vers le sud-est. Si mes souvenirs sont bons, l’épingle est même munie d’un panneau ! Mais je vous joindrai ma trace sur Strava en fin de compte-rendu. Et puis, un peu de jardinage n’a jamais fait de mal ! Dans tous les cas, ne descendez pas en dessous de 1900m d’altitude ! Sinon vous brûlerez.

Dernier tronçon ! Les Arcs – Villaroger

C’est en arrivant au Plan des Violettes, sur la Commune de Villaroger, que je sors de l’ombre forestière (agréable fraîcheur) pour retrouver le grand air et sa chaleur. Les sommets de ce matin font leur retour. Le soleil ne les éclaire plus de la même façon. Je les redécouvre autrement, dans une autre ambiance. Et dans une autre forme aussi. Je n’ai toujours pas regardé ma montre depuis le début, la distance et le dénivelé parcourus ne sont qu’incertitudes. Tout ce que je sais c’est que je n’sais rien… Non, en réalité, les jambes commencent un peu à sentir qu’elles sont actives depuis au moins 4h je pense. Et devant se dessine le Refuge à atteindre mais aussi sa montée à affronter. I’m ready ! Ça fait un bout de temps que j’ai pas sollicité les quadris et ça me manque ! En route mauvaise troupe !

Je suis maintenant derrière l’Aiguille Rouge, et en face du Mont Pourri (3779m). Les glaciers du Grand Col et de Turia tentent de survivre mais ont affreusement mauvaise mine.

Le soleil tape fort ici ! Même pas un petit vent pour adoucir tout ça. Mon niveau d’eau baisse à vue d’œil. Le refuge n’est plus très loin. Je sais qu’une fontaine s’y trouve ! Les ruisseaux issus de la fonte des deux glaciers sont quasiment à sec et m’obligeraient à descendre dans la tranchée morainique un peu abrupte, promesse de belle glissade ! Je m’abstiens donc et préfère attendre le refuge plus très loin maintenant.

Perdue un peu dans mes pensées et amusée par un groupe de randonneur atypique, celui-ci se rapproche terriblement et merveilleusement vite ! Associons à cela la splendeur des environs : l’envie de boire et la douleur des cuisses ne sont qu’oubliés.

Le Refuge de Turia (2388m) est là ! Avec pas mal de randonneurs ! La Gurraz, mon point de départ, ainsi que le leur, n’est plus loin du tout… Dans quel sens sont-ils arrivés ici…?

Refuge de la Turia

Je me jette sur la fontaine. L’or bleu… D’une fraîcheur intense, d’un goût délicieux. Un élixir de vie ! Je recharge mes gourdes bien que l’arrivée soit très très proche mais on sait jamais !

Je prends le temps d’admirer le paysage. Ce sont mes derniers instants dans cette atmosphère sauvage, hors du temps, du bruit… Je prends volontiers ces derniers moments qui m’y sont offerts, m’imprègne de l’ambiance, de la beauté du lieu, puis me retourne et disparais dans la vallée.

Je descends le chemin plutôt bien incliné. S’il restait quelques fibres musculaires intactes, cette descente s’est chargée de toutes leur régler leur compte ! Quatre brefs kilomètres plus tard et 1000m de dénivelé en moins, je retrouve le goudron et ma voiture m’ayant sagement attendue ici.

Je m’arrête sans en avoir réellement envie ! Certes, mes jambes commençaient à souffrir mais j’aurais volontiers continué encore un peu ! Les paysages étaient sublimes ! J’ai découvert des coins encore jamais foulés par mes pieds et ça, c’est vraiment génial comme sensation ! Mes yeux, constamment ouverts, ne cessaient d’être comblés ! Les images renvoyées à mon cerveau ne fabriquaient qu’une seule chose : du plaisir.

Enfin bref, le bip de fin est donné, j’arrête ma montre et découvre ce que je viens de faire.

38,71km et 2500d+. Ouais, ça colle avec ce que je ressens physiquement ! C’était une chouette balade d’un peu moins de 6h30 ! Il est 13h, j’ai faim !

Je prends quand même le temps de changer de t-shirt avant de reprendre le volant pour trouver un coin où me remplir le ventre, j’ai quelque perte à combler j’crois !

Je vous invite à cliquer ici pour découvrir la vidéo du parcours et pour accéder à ma sortie strava !

Spread the love

Categories:

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *