Ouvrir une carte, localiser la magnifique destination en tête, créer son parcours, inventer son GR. S’évader sur les sentiers de la liberté, courir sans s’épuiser, énergisé par ce paradis sur terre. Mon paradis sur terre.

Passer où cela nous plaît. S’approprier l’espace sans jamais oublier de le respecter. Nous ne sommes que de passage. Ne l’oublions jamais. 

L’idée de découvrir le Mont Thabor trotte en moi depuis bien 2/3 ans. En même temps, ce Mont est présent dans quasiment chaque topo sur les Alpes ! Comment passer à côté quand tout le monde vous rappelle l’existence de ce truc ?

Alors j’ai déplié ma carte dans mon Van. Je suis en vadrouille au Monetiers-les-Bains (05). Et je veux le voir ce Thabor. Très bien. C’est au Nord de ma position, à peut être 20/25 km à vol d’oiseau. Les coins à traverser me ravissent. Les noms résonnent en moi comme de chaleureux souvenirs, des images me reviennent et me ravissent à l’idée de les retrouver.

Je choisis donc de réaliser mon Tour du Thabor sur deux journées, réservant une nuit au Refuge du Mont Thabor. Je les appelle la veille. Complet ? Oui, mais ils me réservent un matelas dans un coin, du grand luxe !

Le problème de la nuitée réglé, je me remets à la création de mon itinéraire, ne me cantonnant pas au GR57, souhaitant passer par là ou cela me chante, croiser les cols qui m’attirent, les lacs qui m’appellent, suivre le chemin de mon envie.

Je boucle assez rapidement l’itinéraire du jour 1, restant malléable ! Je photographie les cartes pour que ce soit plus pratique à checker !

Brièvement, j’étudie l’itinéraire de retour du surlendemain. Mais j’aurai le temps de m’y consacrer au refuge demain soir. Je ne m’y attarde donc pas afin d’avoir uniquement celui du lendemain en tête.

Reste plus qu’à préparer le sac ! Et pour cela, je me sépare de mon Camelback qui me suit depuis maintenant presque trois ans…mais qui n’est plus assez solide pour supporter une longue course… Adieu compagnon, on en aura vécu des choses ! Je le remplace par son homologue rouge !

Qu’est ce que je mets dedans ? Pas grand-chose, la capacité est de 10L. C’est largement suffisant :

  • 2x500ml d’eau + une flasque vide (au cas y’en ait une qui pète)
  • Une plaque de pastille de Micropur
  • De la mangeaille : des barres, du fromage, du saucisson et des tranches de pains
  • De la crème solaire
  • Un coupe-vent imperméable
  • Un pantalon coupe-vent et imperméable aussi
  • Un t-shirt à manche longue
  • Des mouchoirs
  • Une frontale + piles de rechange
  • Mes cartes IGN
  • Une batterie externe + chargeur de montre et téléphone
  • Mon téléphone

Sur moi :

  • Un t-shirt + short
  • Ma montre GPS (Garmin Fenix 5)
  • Mes speedcross
  • 2 buffs (aux poignets)
  • Lunettes de soleil
  • Mes bâtons (blackdiamond)

L’essentiel me semble être là. Je ne pense pas oublier quelque chose. Sinon, j’apprendrai à m’en passer.

Bercée par l’excitation, je m’endors en rêvant à la magnifique journée qui m’attend demain.

Jeudi 15 Août 2019, 6 heures du matin : le réveil était programmé mais se fait naturellement. Par la fenêtre du Van je contrôle la météo : tout est dégagé, promesse de temps exceptionnel. Parfait !

Je saute dans mes vêtements pendant que mon café chauffe. J’avale mon muesli et mes fruits. Pleine d’énergie, je pars me garer au point de départ : le Pont de l’Alpe (1707m).

Il est 7h15, je déclenche la montre. J’ai aucune idée du dénivelé ni de la distance précise à parcourir. Tout ce que je sais, c’est où je veux aller. Et j’irai. Donc c’est parti.

Direction l’Alpe du Lauzet (1951m) par un large chemin avant de basculer pour toujours sur les petits sentiers, loin de toute trace de l’exploitation humaine affreuse.

C’est bon j’y suis, je tourne le dos au confort psychologique de percevoir des habitations, routes…. Et je me rue avec bonheur vers ces grands espaces vierges.

Je monte au Grand Lac (2293m) par la rive gauche du Torrent du Plan Chevalier et par le passage câblé.  Puis j’enchaîne avec le Col de la Ponsonnière (2600m) où le premier panorama m’attend. J’aperçois au loin le massif des Cerces ou je vais me rendre incessamment. Derrière moi émergent les Écrins. Seule (avec des moutons et un Patou sympa), je profite de cette chance d’observer en silence ce cadeau matinal.

Je descends dans le Vallon de l’Âne en direction des Cerces. L’occasion de trotter un peu. Au loin j’aperçois un énorme troupeau. J’angoisse un peu à l’idée de trouver des patous moins commodes que celui que je viens de croiser. Mais c’est avec bonheur qu’arrivée au lac des Cerces (2400m), je trouve le berger avec ses chiens. Je passe donc devant lui avec une assurance incroyable comme si je n’avais pas tremblé de peur 10 minutes avant.

En arrivant au col des Cerces (2574m), je me retourne, ne voulant perdre aucune miette de ce paysage. Incroyable. Des mois après, les images sont intactes.

Je rejoins d’autres lacs carte postale (Lac du Grand Ban et Lac Rond) d’une couleur menthe glaciale terrible ! Je commence à croiser du monde ! Faut dire que je suis sur le GR57 maintenant. Et puis il commence à être 10h.

Je quitte le Nord pour l’Est ! J’ai pas envie de me retrouver à Bourg-Saint-Maurice tout de suite. Je descends sur le refuge des Drayères (2181m), l’occasion de remplir mes flasques. Je ne m’attarde pas trop, je sens le Thabor qui se rapproche ! J’ai hâte d’y être, le temps est complètement découvert, j’ai envie d’en profiter pour trotter au chaud.

Je monte en direction d’un deuxième Lac Rond (2435m) et du Lac des Muandes pour ensuite atteindre le Col éponyme (2828m). Depuis le Refuge jusqu’à ce col, je traverse un magnifique alpage, assez roulant, pour finir dans la moraine lors des 100 derniers mètres de d+.

Je ne me suis jamais sentie aussi libre que sur ce sentier dénué de tout homme, loin de tout, ne percevant que la montagne, l’herbe, les roches, et respirant ce doux parfum propre à l’alpage, mélange de toutes ses plantes.

Le col des Muandes atteint, je me retrouve face au Thabor. Je le vois enfin. Il est là, immense, devant moi, avec des allures lunaires. Magnifique. Je remarque un sentier faisant la crête sur la gauche. J’avais prévu la veille de redescendre du col vers le Lac Blanc et ensuite de monter au Thabor pour redescendre par le même chemin en direction du Refuge. Avec cette crête, j’avais l’occasion d’éviter un aller-retour. Nickel !

Je grimpe sur la Roche du Chardonnet (2950m) et suis la crête en passant par le Col de Valmeinier (2969m). La vue est folle mon dieu. Je sais plus où regarder. J’opte pour le sentier au bout d’un moment, ne souhaitant pas finir 600m plus bas.

Une brève redescente pour rejoindre la base du Mont Thabor me repose puis c’est reparti pour une ascension morainique et sableuse. Le terrain est vraiment atypique ! Et ça grouille de monde, on se croirait sur l’Everest. Un vrai décalage avec l’endroit où j’étais il y a à peine 30 minutes.

Après une bonne grimpette, m’y voilà. À 3178m d’altitude. Le sommet du Mont Thabor. La déception est inexistante. Mes attentes sont satisfaites. Je suis comblée. Un 360 de folie. Des nuages passent rendant la scène encore plus belle même s’ils me cachent certains sommets. Mais avec patience j’attends leur départ, ce qu’ils ne tardent pas à faire.

Je profite durant de bonnes minutes, de longues minutes. Je mets mon coupe-vent, ça caille un peu. Je m’abrite derrière la Chapelle pour manger mon maigre casse-croûte. Après 5 bonnes heures, la tomme de chèvre est parfaite ! À la limite de la raclette.

Il est malheureusement temps de suivre la direction du refuge. Il ne reste que de la descente. Je me dirige vers le Col des Méandes (2727m) puis empreinte les Chances du Peyron pour atteindre le Lac du Peyron (2453m). Le Refuge se trouve juste derrière le tas de cailloux sans nom à côté du Cheval Blanc (3020m). Je profite de ces derniers kilomètres sur les sentiers, ne ressentant pas la moindre fatigue. Un bonheur de A à Z.

Il est 14h30, j’arrive au Refuge du Mont Thabor (2472m). Je m’assois sur la terrasse, me déshabille et mets mes vêtements à sécher. Je commande une bière.

L’heure de vérité a sonné, je regarde ma montre : 31,37km et 2360d+ pour 6h10 de balade.

Je vous laisse cliquer ici pour découvrir la vidéo de mon magnifique parcours !

J’ai rien vu passer. C’était une journée mémorable. Enfin une demie, il me reste encore pas mal de temps avant de me coucher ! Je passe déjà environ une heure dehors à déguster ma bière et à finir mon pain/fromage/saucisson tout en étudiant la balade de demain.

Je bavarde également avec des familles venues se balader. C’est si simple la vie là-haut. Mais il est temps pour mes compagnons d’une après-midi de rentrer. Je ne les reverrai jamais. C’est ça les rencontres de montagne. Éphémères.

Je rejoins le gardien à l’intérieur pour découvrir ma suite pour la nuit. Bonne nouvelle, j’ai la chance d’avoir une chambre à partager avec 7 autres personnes ! Des gens se sont désistés, ces idiots ! Je ne dormirai donc pas dans le couloir cette nuit !

Bouuhh, je frissonne un peu, le temps s’est bien radouci ces derniers jours, et là ça manque pas. Additionné à la fatigue et à la sueur du jour, ça forme un super combo ! Une bonne douche chaude ferait du bien ! Mais bon, j’vais faire ma craspouille, j’ai rien emporté par manque de place pour me laver ! Personne n’en est mort !

Je patiente donc tranquillement dans la salle commune du refuge, attendant le repas avec impatience. Je jongle entre lecture alpine et discussion avec les randonneurs.

18h45 : le repas ! Soupe, chili con carne, tomme, pain maison, brownie. J’vais être en forme demain !

À 20h30, tout est fini, le ventre plus que plein. L’heure des jeux de société a sonné. Mais ma fatigue a atteint son paroxysme. Je salue tout le monde et cours m’effondrer dans mon lit. J’pars aux aurores demain !

 

La suite ? C’est ici que ça se passe –> Le chemin du Retour.

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