Il est temps de retrouver la Team Sérac (Ana & Rob!) sur un trail ! Mais cette fois chacun pour soi !
Ce week-end du 5/6 Mai 2019, on se lance sur le grand parcours du TNR, soit 51km pour 2800d+. Pas le choix pour moi faut que je bouffe de la distance et du dénivelé pour l’UTB qui arrive à grand pas ! Et mes acolytes préférés disent jamais non à un trail, surtout quand il est vendu comme le plus beau du monde…
Bref, le départ est dimanche. On se retrouve donc la veille pour une bonne bouffe pré-trail (des sushis!!) et comme d’habitude on prévoit de monter les tentes pas loin du départ…et comme d’habitude quand on se retrouve, les éléments se déchaînent et c’est de la pluie toute la soirée. Une décision s’impose, ce sera dodo voiture. Ça fait pas trop rêver comme ça mais avec Ana on a tellement bien dormi ! Grand Robin dans sa petite voiture un peu moins mais c’était calculé et on espère qu’il ira moins vite comme ça !
Le jour J a sonné !
Dimanche, réveil à 6h ! La pluie a cessé vers 2/3h du matin. On se lève dans la fraicheur et nous habillons rapidement ! On profite d’être sur l’aire de départ pour nous réfugier dans la salle polyvalente et aller chaparder du café offert par l’orga. Toujours prendre un café avant une course…. 😉 On déguste notre pain avec un miel crémeux des Pyrénées divin. On oublie pas les bananes non plus ! De l’énergie va en falloir parce qu’il a certes plu toute la nuit en bas sur le lieu du départ, mais il a surtout neigé là ou on va crapahuter tout à l’heure. Ça on risque pas de l’oublier avec le speaker qui nous dit toutes les 5mins : « 10cm de poudreuses tombés dans la nuit, des températures négatives, des ressentis à -7/8°, des rafales jusqu’à 50km/h ». De quoi bien motiver les troupes ! Quoi il va faire froid ? Bon on va rajouter des manchons aux short et t-shirt alors ! Ça ira !
Top départ !
8h, il est temps de se lancer dans la course et de se rendre dans le sas de départ ! On se motive et se souhaite bonne chance avec Robin et Ana. Robin nous quitte pour aller plus près dans le peloton de départ. Va ! Nous on est bien au milieu !
Let’s go ! On est un poil moins de 600 à prendre le départ mais le troupeau s’étale bien avec la première montée goudronnée suivie de quelques kilomètres bien roulant. C’est d’ailleurs la que je perds Ana, qui se battait avec son camelback mal ajusté ! Adieu ! On se reverra !
J’ai de bonnes sensations. La montée et le rythme assez rapide du début (comme toujours) ne me font pas souffler comme un bœuf, ça change ! Ma fréquence cardiaque vous fera penser le contraire mais on est pas copine toutes les deux. On roule donc tranquillement jusqu’à la première montée d’environ 300d+ (km 5), accueillis par la musique de quelques cors (ou un autre truc dans le genre). Merci à eux, ça donne une bonne ambiance !
Cette première ascension se passe tranquillement, je marche à un bon rythme, et surtout, je trouve le bon rythme. Ensuite s’en suit une partie bien roulante en balcon de trois kilomètres pour traverser le massif et rejoindre le début de la montée pour le Revard ! J’ai adoré ce passage en forêt, bien boueux mais de la boue sympatoche ! Pas collante ! Je l’ai aussi adoré parce que j’étais assez seule, pas gênée et j’ai pu prendre mon rythme à moi, bien lancer les jambes, sans être en dessous ni au dessus de mon allure de croisière ! Enfin je dis ça mais j’avais dans le viseur un petit duo devant moi et je voulais les rattraper ! Mais j’ai su mesurer mon effort pour y arriver sans me cramer ! Et ouais 😉
Le début des choses sérieuses !
Trêve de tranquillité, fini le footing. On se retrouve d’un coup face à la montée (km 10). C’était bien quand c’était roulant ! Pourquoi ??
Mais que de souvenir en revoyant ce passage, je reconnais immédiatement ce parcours fait il y a quelques années, en vacances, à l’époque ou 10m de dénivelés positifs m’essoufflaient ! Belle revanche !
On attaque donc assez cool cette montée forestière puisque la boue nous fait reculer d’un pas quand on en fait deux. Mais très vite on se retrouve dans la neige assez dure grâce au gel mais aussi grâce aux 200 potos passés avant ! Il faut toujours laisser passer des gens pour avoir de meilleures conditions ! C’est comme ça que je fonctionne…
Les 3/4 de la montée sont donc enneigés et l’ascension plutôt lente (long peloton devant moi et pas facile de doubler) mais cette allure n’est pas mauvaise en soi et me permet de me réserver pour la suite.
Le plateau avant le Revard !
Ouais ! Ça y est ! On a gravi 1000 de d+ confortablement, à l’abri du vent dans la forêt et on a même pu avoir une percée dans les nuages pour admirer un fabuleux panorama sur le Lac du Bourget !
On atterri sur un petit plateau (km 14), avant les derniers 100d+ jusqu’au Revard ou de magnifiques bourrasques de vent nous accueillent. Glacial ! Merci mais on s’en serait passé je crois ! L’avantage avec la neige fraiche, c’est qu’on voyait longtemps avant qu’on allait se prendre une rafale en pleine figure, il nous restait juste à nous préparer mentalement et tourner la tête de l’autre côté !
Vite, je tente de mettre mon coupe vent et mes gants en continuant de marcher rapidos. Ah cette peur de perdre du temps ! Au final j’en perds plus a essayer de combiner marche, passage d’obstacles, lutte avec le vent, fouille du sac, rattachement de celui ci, mise du coupe vent et des gants. Encore plus galère avec les bâtons dans les mains !
Et la c’est le drame. En sortant mon coupe vent, mon magnifique gobelet pliable s’enfuit, et roule dans la neige (dans une belle pente). Loin, très loin, trop loin. Je lui fais un petit signe d’adieu avant que celui-ci s’enfonce dans la forêt à jamais. Pas de regrets, il avait une allure de 2 »30 au kilomètre, je ne l’aurai jamais eu ! Une fois mon deuil fait, je termine ma lutte avec mes équipements et reprends un rythme plus élevé. C’est bien roulant avec un petit pic pour arriver au Revard. Très agréable dans la neige, je n’aurai jamais pensé dire ça ! Et quelle ambiance ! Tout blanc, peu de vue mais c’est ce qui en fait le charme.
Bonjour le Revard et la Féclaz !
On passe le point de contrôle du Revard,(km 17) l’occasion de faire du patin sur la route verglacée et on s’engage sur une bonne partie roulante jusqu’au km 23, à la Féclaz ou on aura droit à un second Ravito solide (j’ai pas fait gaffe au premier qui été au début de la grande montée).
C’est l’occasion de profiter de cette portion pour doubler du people et s’éclater dans la poudreuse ! Bah ouais, y’a qu’un single tracé dans la neige donc pour doubler faut se lancer dans les 15cm de poudre a côté ! Au temps dire qu’il faut bien choisir le timing, éviter quand ça monte pour doubler et prier pour qu’il n’y ait pas de trous sous la neige !
Sans trop de difficulté j’arrive à la Féclaz en bon état ! Et que vois-je, le ravito COUVERT ! On va se réchauffer un peu ! Je remplie rapidement mes gourdes (elles sont pas vides Manon tu bois pas assez…oui mais il fait froid ! Justement ! Et t’as mangé ? Pas encore ?). Du coup je pique un peu de nourriture bien que j’en ai aucune envie mais je sais que je vais le regretter si je ne mange vraiment rien !
Je m’attarde quasiment pas, la 4e femme s’est même pas arrêtée faut que je la redouble (quelle naïveté Manon tu ne la reverra que de dos puis plus jamais!).
Et c’est reparti pour 300d+ en marchant ! Je commence a bien sentir les fessiers ! Je change donc un peu ma façon de poser mes pieds pour faire bosser d’autres muscles. Pas de jaloux, on est venus ensemble on bosse tous ! On est une équipe ! « Je suis une Tribu ! »
Cette montée est détendue, bonne ambiance dans le peloton ! On discute un peu avec les autres coureurs (enfin je les écoute surtout #pointdecotéquandjeparle) avant d’attaquer une petite descente de 600d- (km 28) bien marrante dans la gadoue ! Gadoue de qualité qui ne fait pas déraper ! Belle recette !
Mais c’est la qu’arrive le second drame de cette aventure, je bois un coup (je savais que je ne devais pas boire!) et en resserrant l’élastique autour de ma flasque, j’explose le mécanisme. Qui dit explosion du mécanisme, dit adieu le serrage. Qui dit adieu le serrage dit adieu le maintien de la flasque et donc celle-ci tente de s’échapper à plusieurs reprises sous les sauts de ma descente. Seul moyen de s’en sortir, engloutir la quasi totalité des 500ml pour qu’elle reste bloquée dans la poche ! Mission réussie. Mais maintenant ça fait floc floc dans le bidon. Heureusement pas pour longtemps, j’avais tellement peu bu jusque là que mon corps l’a tout de suite absorbé !
Revenons au parcours et à la suite de la descente !
Il reste une montée ?
Naïvement, comme je n’avais pas vraiment étudié le parcours et que je ne regarde pas ma montre quand je cours, je pensais que c’était l’ultime descente et qu’il restait donc seulement 400m de d+. Mais Manon, tu l’as vu la croix du Nivolet ? Ahh….non… Donc après cette brève descente, j’aperçois un chemin dont l’inclinaison me pose question, « Mais il est pas dans le bon sens ! ». Bah oui, faut monter à la croix !
Ainsi, au km 31, c’est le début de la dernière ascension de 300d+ environ. Ascension que je ferai à la vitesse d’une tortue. Je sens que mon manque d’alimentation commence a se manifester et me rappeler à l’ordre (bon et peut-être un peu de fatigue aussi). J’avale donc un gel bien caféine et atteint non sans mal la Croix (enfin le pied, on y montait pas, ouf!). J’évacue également mon coupe vent et mes gants qui ne me sont plus utiles. De plus, ils sont inondés. Et puis le soleil se pointe. On sent quand même un peu le vent mais on a connu tellement pire que ça ne me fait plus rien. De toute façon j’aurai pas le courage de les remettre !
Lâchez les chevaux !
Ça y est, elle est là l’ultime descente (km34) ! Début chaotique par contre. On tombe sur de la boue de très mauvaise qualité, de la vraie quoi. Ça commence donc comme pour la montée, à l’allure d’une tortue, à glisser parfois sur les fesses parce que debout ça tient pas ! C’est la que mon plan connaît ses limites (laisser passer du monde pour damer). Ils ont fait de cette boue une patinoire les bougres ! Avec des traces de glisses géantes ! Heureusement, on est toujours dans la forêt. Comme Tarzan, je me lance de tronc en tronc dans les épingles pour ralentir mes glissades et joue sur les appuis avec mes bâtons !
Le passage délicat va tout de même assez vite et pour la suite je profite de bonnes sensations pour doubler un peu ! (Manon de bonnes sensations en descente ? Faut vraiment en profiter !). J’arrive en bon état au dernier ravito (km38), remplie ma flasque complètement et partiellement l’autre, choppe du pain d’épice, ma drogue de toujours, et me retourne courageusement vers la dure réalité : il te reste encore 13km. Mais ça descend ! C’est rien 13km tu le fais tous les jours ! (enfin presque).
Sur ce, j’aborde la portion de descente sans trop de difficulté mais sans trop de vitesse non plus, je sens des débuts de crampes dans mes orteils qui heureusement disparaissent rapidement en me décontractant. J’arrive donc presque aisément au kilomètre 44, après 400m de dénivelé négatif.
Un pneu crevé !
Et la c’est le drame, l’ultime drame. Aucun matériel n’est en cause cette fois, c’est la machine.
Je commençais donc déjà à faiblir un peu et j’ai été achevé par un bolide qui m’a dépassé comme une furie. J’étais 5e femme durant toute la course et là, la 6e vient de me passer devant, toute fraîche. Bon, d’accord, euh, bah tant pis ! C’est bien 6e aussi ! Je continue à courir pendant 4km plus ou moins vite mais je me force à ne pas marcher sachant que si je commence, je ne pourrai pas repartir, et il reste encore 7bornes. Hors de question de les faire en marchant !
Avec mon allure de dingue, je me fais pas mal doubler (étonnant ! Mais dur pour le mental), et je vois passer une autre fille (merci pour tes encouragements et bravo à toi!).
Bon maintenant, je suis 7e femme, ça va c’est pas pire ! Continue comme ça et ça restera comme ça.
Et là arrive la dernière montée d’environ 100d+, avec les ¾ en goudron. Du goudron…comment je plante mes bâtons la dedans ? Ça fait un bruit de dingue et ça sert à rien ! On est donc au kilomètre 48,5, je vois le début de la montée à 500m. Je viens juste de me faire photographier par l’organisation, je courais encore. C’est bon j’peux marcher y’aura pas de preuves. En plus, les crampes arrivent sérieusement et je me découvre des muscles. Ça pique dans les ischios, les mollets, les pieds. Ça fourmille dans le bras et la jambe gauche (bah oui t’es déshydratée !). Le soleil se pointe, il fait chaud, j’ai la tête qui tourne, le monde se met à ralentir autour de moi. Oulala c’est pas cool ça. Je dégaine mes barres, les engloutie (vive le beurre de cacahuète), vide mes bidons et entame la bosse finale à l’allure d’un escargot cette fois, la tortue c’est trop rapide. Je ne compte plus combien de personnes me doublent mais je crois que mon classement féminin recule ! Tant pis, j’suis pas la pour le classement mais juste pour moi ! Voir ce que je vaux et m’éclater ! Et c’est le cas !
Ce qui est marrant c’est que même si je suis pas bien, je me fais hyper plaisir ! Un peu moins quand au sommet de la bosse, je suis prise d’une énorme crampe qui ne me permet même plus d’avancer ! 2/3 étirements à la manières d’un moine Shaolin et je repars parce qu’il ne reste qu’un kilomètre de descente. C’est rien ! Alors je me remets à courir et censure les informations envoyées par mes jambes. Qu’est ce que c’est cool ! Sans effort, je déroule les jambes en veillant à bien me détendre et ça va tout seul !
C’est fait ! L’arrivée !
Je franchis la ligne d’arrivée en 7h16min27s. Je me positionne 219e/591 au scratch général, 10e femme et 4e senior ! Je suis hyper satisfaite de mon temps, je progresse et ça fait du bien ! Mis à part les 6 derniers kilomètres, je me suis bien sentie tout le long, sans grosses difficultés et sans me mettre dans le rouge ! Bref, un très bon trail ! Je n’ai pas vu le temps passer !
A mon arrivée, je retrouve Robinoush qui est arrivé il y a plus d’1h20 (moins de 6h t’es une bête) ! Bravo à toi mon frérot ! Et on retrouve Ana 15min après mon arrivée environ ! Impressionnante et tellement fière de toi aussi ! Tu gères ! On déchire !
Notre classement nous permettra à Ana et à moi de se retrouver sur le podium senior, les deux autres femmes ayant été récompensées au scratch, c’est notre tour d’y aller ! Je monte donc sur la 2e marche virtuelle et Ana sur la 3e ! Trop fière !
Une fois tous les podiums récompensés et acclamés, il est temps pour nous de déguster le repas d’après course autour d’une bonne tartiflette. De la chaleur qui fait du bien au corps ! Et puis c’est que ça nous a un peu creusé cette balade.
Comme toujours, énorme merci à tous les bénévoles présents sur le parcours qui ont du subir des conditions bien difficiles et glaciales mais qui avaient toujours un sourire pour nous et un mot d’encouragement. Des paroles qui font tellement de bien quand on a un coup de mou !
Merci d’avoir annoncé les bonnes distances restantes ! Même si le « Allez c’est bien il reste 5 kilomètres » m’a fait énormément de mal !
Merci également aux autres présents à l’arrivée, au départ, aux ravitos, toujours disponibles et accueillants ! C’est grâce à eux que tout se déroule bien !
Bravo également aux speakers incroyables ! C’était un plaisir de vous écouter !
L’organisation était top, le balisage hyper clair, la parcours super agréable ! Et en effet, il était plutôt beau ce trail !
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