Véritable coup de cœur, ce tour nous a littéralement fracassé la rétine.
Nous l’avons réalisé dans la journée, par manque de temps, mais il mérite de prendre trois jours pour en profiter au maximum et prendre plus le temps d’admirer les paysages.
Peu connu, du moins c’est la sensation qu’on a côté français, il va devenir l’un de nos classiques, très certainement ! Se balader de part et d’autre d’un sommet mythique, en traversant deux pays, est fantastique.
Nous n’avons pas fait l’« intégrale » comme il est décrit dans les rares topos trouvés. Par manque de temps, on a trouvé judicieux de raccourcir de 15/20km, sachant que la partie shuntée est connue pour nous. L’original passe par le Col du Rocher Blanc pour basculer en Italie (au dessus du village du Monal), ce qui implique de rallonger la partie française à partir du Refuge de l’Archeboc.
C’est un tour qui s’adapte à tous les pratiquants : à la journée, en 2 jours, jusqu’à 4. Idéal pour tous les profils de randonneurs, il comporte tout de même une partie technique et vertigineuse. On y reviendra !
On prend le départ un peu avant 6h du matin de la Savonne (1791m), au-dessus de Sainte-Foy-Tarentaise, avec les premières lueurs du jour. C’est beau de voir les glaciers s’illuminer et accueillir les premiers rayons de soleil. Si y’a du monde là-haut, ils doivent être heureux. En bas on est pas jaloux, on est déjà en short et t-shirt, et on a pas froid.
On se dirige vers le refuge de l’Archeboc pour ensuite monter à la frontière et basculer en Italie par le Col du Mont (2636m). (C’est par ce col que nous raccourcissons le tour). On y capte les premiers rayons de soleil. La partie française est brève. Viva Italia !!
Depuis le temps que je rêve de descendre dans ce vallon, aller voir cette ruine militaire 300m plus bas qui attire mon regard à chaque ascension ! Enfin ! La découverte est ce que je préfère dans le trail. L’attente qui précède aussi. Savoir qu’on ira un jour mais pas aujourd’hui. Et on est arrivé à ce fameux aujourd’hui !
On descend un long vallon pour arriver à Usellières (1800m). Une buvette est ouverte et tenue par des Italiens bien souriants ! 2 expressos et 2 croissants fourrés au chocolat. Impec il est 9h !
On remonte en direction du Refuge de l’Epée. Que c’est beau. D’abord très boisé puis totalement découvert. Un balcon sur la vallée. Le Valgrisenche, c’est fabuleux. On est tous les deux tellement heureux et excités de découvrir cette vallée. Pouah Pouah Pouah !
On arrive au Refuge (2370m), face au Rutor, après une belle petite grimpette. Ça peut être la fin d’une étape pour ceux qui choisissent de le faire en plusieurs jours. Ici on en est à presque 20km et 1400+.
On suit un long chemin balcon qui redescend tranquillement dans la vallée. Le premier village est celui de Mondanges, puis Valgrisenche, Gerbelle, j’en passe, pour finir à Planaval (1530m). La traversée est longue et on fait pas mal de route, mais c’est beau, et ça repose de cette longue descente. Nous en sommes à 32km et 1600d+. Les villages sont un peu morts mais on peut trouver de quoi manger et boire. Il y a des fontaines. Et des pizzas. Et du coca. What else ?
Prenez des forces, on attaque le plus dur ! 1200d+ d’un coup, qui commence en mode KV. En direction du Lago di Fond (2450) et du Col de la Crosatie (2790m). Un des plus beaux passages. Un alpage face au glacier, remontant le ruisseau en rive gauche, formé par la fonte des glaces. Pour terminer l’ascension par un paysage plus minéral, lunaire et se retrouver face au Monte Blanco ! Des étoiles dans les yeux. On aperçoit en bas à gauche la suite du chemin. C’est encore long !
La descente du col est très technique et impressionnante sur les 300/400m de d-. Pour ceux qui ont quelques difficultés, ne vous inquiétez pas trop, le passage est bien équipé et sur. On se régale. Bien que pas rapide dans ces sections par peur du dérapage, ce sont celles que je trouve les plus esthétique. L’homme se fraye un chemin dans des endroits insoupçonnés.
Après de multiples épingles serrées, on arrive à Promoud (2020m), un beau pâturage. On se recharge en eau dans le Torrente Lenteney. Une nouvelle ascension nous attend. 800m de dénivelé plus haut, à traverser des blocs de pierres, nous atteignons le Col de Haut-Pas (2860m). D’en bas, on y apercevait des drapeaux Népalais tendus de part et d’autre de la montagne. Mythique. Réellement. Il doit être dans les environs de 18h. Nous avons faim et soif. On descend sur le Refuge Deffeyes (2500m). Recharge en Twix, cacahuètes et coca. On le sent qu’on va finir à la frontale. La frontière française est encore loin et 19h vient de sonner.
On quitte les scouts qui chantent pour retrouver le calme de la nuit qui tombe. Les Lacs de Bella Comba. J’aime profondément ce coin. On envie les tentes plantées, on y dormirait bien. Eux se reposent et il nous reste une bonne dizaine de kilomètres avec l’ascension jusqu’au col du Tachuy et le plateau de la Sassière à traverser. Nos frontales s’allument au col (2676m).
Je suis pas fan que cette descente se fasse de nuit. Heureusement que je la connais. C’est technique et c’est facile de se perdre avec tous les cailloux. Puis je vois que ça s’assombrit beaucoup malgré la noirceur de la nuit. Les éclairs tombent sur le Pourri. Pour ce qui est de l’orage qui gronde, impossible de l’entendre avec le torrent juste à côté. Je presse le pas car je n’ai pas envie de passer la traversée du torrent sous l’orage. Ouf, on y arrive. Je suis heureuse également de ne pas m’être trompée pour cette traversée, on se retrouve vite au mauvais endroit de jour. Mais on voit. La, nada !
On arrive sur le plateau de la Sassière (2038m). Y’a des yeux au loin. Le loup guette les brebis !
J’appréhende encore plus ce passage. Brebis brebis donc Patous ! Je sais qu’ils sont parqués mais…en pleine nuit, va savoir…
A 2km de l’arrivée, on est obligé de longer un parc. On commence à se faire aboyer dessus. On ne les voit pas. On tape un sprint sur 800m sous leurs aboiements. On en peut plus !
22h30, nous sommes à la voiture. C’était magnifique. 16h30 plus tard et quelques 65km et 4500m de dénivelé, nous sommes heureux. On claque les portes de la voiture, l’orage gronde, la pluie tombe, le vent se déchaine. Timing parfait !
On rentre à minuit. La pizza sort du four à 1h du matin. Hors du temps, dans notre monde à nous, on y est bien.
Voilà la fin de notre belle aventure. Si j’ai un conseil à donner, éviter de passer sur ce plateau en pleine nuit ! 🙂
Pour une randonnée sur plusieurs jours je peux vous proposer plusieurs solutions (bivouac inclus):
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